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L'interview de Claire

 

CLAIRE LINDNER

nous inspire

 
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Que peux-tu nous dire de toi ?

Mon âge? (rires) J’ai bientôt 39 ans, je suis maman de deux enfants. Je suis artiste à temps plein et je vis à la campagne. J’aime beaucoup être proche de la nature, être dans le jardin, toujours dans l’observation. J’aime aussi voyager, mais en ce moment…

Je travaille l’argile. J’ai un travail très contemplatif et très méditatif. J’ai besoin de contrebalancer cet aspect-là en m’ouvrant sur des projets qui me font rencontrer des gens. Soit en animant des workshops, soit en faisant des résidences d’artistes, en me fixant des objectifs qui m’ouvrent sur le monde.

 
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‘‘La terre est une matière qu’on peut travailler sans limite, comme une deuxième peau.’’

 
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Comment es-tu arrivée à cet équilibre ?

J’ai grandi dans un univers créatif. Mes parents sont céramistes. Petite j’étais déjà très rêveuse et créative, je faisais beaucoup de dessin. C’était une évidence que je voulais m’orienter vers une voie littéraire et artistique. Ce cheminement s’est fait naturellement, mais je ne savais pas quelles études choisir. Donc je me suis orientée vers le dessin, la peinture et le graphisme.

J’ai touché un peu à tous les ateliers en intégrant l’École des Arts Déco à Strasbourg. Cela a duré 5 ans. Je suis passée du graphisme au travail du verre, où j’ai laissé place au toucher. En revanche, le travail de la terre, ne me venait pas à l’idée et j’associais ça au travail de mes parents. Or, je voulais trouver ma propre voie. Et un jour, j’ai ouvert les portes d’un workshop autour de la gravure et de l’argile. Je me suis approprié ce matériau en dehors du contexte familial, donc j’ai pu vraiment sentir la matière. Elle m’a tout de suite accaparée, surtout par sa proximité avec le corps.

C’est une matière qu’on peut travailler sans limites, elle est enveloppante, c’est comme une deuxième peau. Ce rapport au corps, cette immédiateté du geste et du mouvement, comme un prolongement de soi-même, a suscité en moi un imaginaire, un langage auquel je me suis accrochée et que je continue à déployer encore aujourd'hui.

J’ai été diplômée en 2006, et j’ai poursuivi mes recherches dans une école à Londres où j’ai intégré un atelier collectif. Après ces trois années, j’ai eu besoin de me dégager des contraintes et du temps. Dans cette obsession de la rentabilité du temps, je ne me sentais plus légitime à créer, à rêver. J’ai ressenti que si je continuais dans ce sens là, je me perdrais. J’ai donc cherché des portes de sortie.

A ce moment-là, mes parents m’ont proposé de rénover un grand espace qui leur appartenait. Je suis donc revenue vivre dans le lieu où j’ai grandi avec mon compagnon, et on y est toujours. Et j’ai mon atelier qui est juste à côté de ma maison. Un minimum de contraintes matérielles pour m’aider à continuer!

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‘‘J’ai senti que si je continuais dans ce sens-là, je me perdrais.’’

 
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Qu’est ce qui te rend fière?

Ce qui me rend la plus fière, c’est d’avoir persévéré dans mes petits et grands projets, d’avoir mené à bout mes objectifs. Mais au-delà de la fierté, c’est surtout de la gratitude que je ressens pour les gens qui m’ont soutenu et qui m’entourent.

Vivre une vie d’artiste, ça n’est pas du tout rassurant. On vit un peu en dehors du système, on ne sait jamais comment les choses vont évoluer. Chaque projet artistique est une petite étape sur un chemin créatif qui reflète ma vie et mes étapes personnelles. Mais rien n’est jamais garanti pour l’avenir.

Paradoxalement, je pense qu’à certains moments j’aurais pu m'installer dans quelque chose de plus confortable par le biais de mon travail, mais ce n’est pas ça qui m'intéresse. Ce qui me fait avancer, c’est d’être toujours à la recherche de quelque chose que je n’ai pas trouvé. C’est à la fois excitant, mais aussi déstabilisant car on est toujours dans une situation précaire. Mais si je m’installais dans quelque chose que j’ai trouvé et qui marche, je ne serais plus dans une forme de créativité. Finalement, c’est une quête inatteignable!

 
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‘‘J’aurais pu m’installer dans quelque chose de plus confortable, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse.’’

 
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Quelle est ton ambition de vie ?

Mon ambition est d’être semeuse de graines d’imagination. Je crois en son pouvoir, j’essaie de beaucoup la déployer dans mon travail. C’est l’imaginaire qui nous habite qui fait vivre l'œuvre, qui lui donne son mouvement et qui la fait vivre au-delà de mon intention.

On a besoin de l’imagination pour avancer dans la vie, pour envisager dans quel monde on a envie de vivre. Et particulièrement dans la période qu’on traverse, où l’on est limités dans notre liberté, où la culture est mise à mal. C’est la première graine pour bâtir le monde de demain, pour se projeter dans un avenir.

J’aimerais transmettre à mes enfants la persévérance, la volonté d’aller au bout de ses désirs, de ses envies. Mais aussi de s’autoriser à rêver et se donner les moyens pour y arriver. C’est très important de rêver, on ne se l’autorise pas assez.

 
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"Je crois au pouvoir de l’imagination. On en a besoin pour avancer dans la vie."

 
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Parle-nous de ta féminité

Dans mon quotidien, mes vêtements sont tachés de terre et j’ai les mains dans l’argile (rires) ! Il y a peu de coquetterie !

Ma féminité, je la mets dans mon travail. J’essaie de l'insuffler à travers une recherche de volupté, de sensibilité, d’être proche du ressenti, dans le travail du volume.

On est vraiment dans la rondeur, dans les courbes, le mouvement, et je pense que c’est assez féminin comme approche. Mes émotions aussi, j’essaie de les retranscrire dans mon travail: la fragilité, les désirs, l’instabilité ou l’ancrage parfois… La volupté, la courbe, les mouvements que je créée sont souvent inspirés par la danse.

Ma féminité, j’essaie de l’explorer aussi à travers ce qui me constitue, ce qui me singularise. J’essaie d’accepter mes spécificités, mes qualités, mes défauts et d’en faire des forces…

J’ai un exemple très concret. Ce sont mes cheveux gris ! A 39 ans, on voit peu de femmes qui ont totalement les cheveux gris. C’est quelque chose que j’ai décidé d’assumer, que je revendique et que j’aime maintenant. Cela interpelle mais je pense que ça a donné l’envie à d’autres femmes de s’accepter comme elles sont.

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Et ton rapport au parfum?

Je n’en porte pas tous les jours mais je suis très sensible au parfum, à sa subtilité. J’aime qu’il se révèle aussi, mais il m’en faut très peu en quantité. Je n’aime pas les parfums qui me sautent à la gorge !

C’est quelque chose d’intime. Il y en a un auquel je suis très fidèle, c’est “Jicky” de Guerlain. Si je ne me trompe pas, c’était d’abord un parfum pour homme et qui a été ensuite proposé à la femme. Et je trouve ça intéressant qu’il ne soit pas très représentatif d’une odeur féminine au départ.

J'aime aussi particulièrement “Heliodor” de Marcelle Dormoy: il est frais, dynamisant. J'aime aussi ses notes poudrées, enveloppantes mais subtiles.

 

Et pour les passionnés, encore quelques mots sur l’inspiration créative de Claire Lindner

“Je travaille sur deux axes. En 2019 et l’année dernière, j’ai voulu travailler sur le rapport à la nature et à l'environnement, et sur la fragilité de notre écosystème.

J’ai créé des installations en terre crue qui étaient assez imposantes mais qui étaient très fragiles. J'explorais l’idée de fragilité monumentale. À la fin de ces expositions, les œuvres étaient détruites et la terre recyclée pour créer de nouveaux projets.

Ensuite il y a eu la pandémie. Pendant le 1er confinement, en mars dernier, en tant qu’humains, c’était nous qui étions très vulnérables car toutes nos activités étaient à l’arrêt. Je passais beaucoup de temps dans la forêt et je voyais la nature qui grouillait, qui reprenait vie et qui ne connaissait pas la pandémie.

Je me suis rendue compte à quel point j’avais à apprendre de cette nature. De cette capacité de résilience qu’elle a. Dans mon travail, j’ai essayé de travailler des formes qui reflètent cette vitalité. J’avais en tête l’idée d’éclosion, d’une forme qui est en train de jaillir, qui est en train de prendre vie avec tout son potentiel mais qui n’est pas encore déployé mais qu’on peut sentir à l’intérieur de la forme. Peut-être d’ailleurs que cela est très féminin, avec la gestation… J’avais envie de la relier à cette nature qui nous traverse.

Parallèlement à ça, j’ai eu envie de montrer que la nature reprenait ses droits, où elle viendrait prendre le dessus sur ce que j’ai fait. J’aime beaucoup la mer aussi. On sent beaucoup cet aspect dans mon travail, qui peut être très évocateur des fonds marins. J’ai pris contact avec l’observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer pour leur proposer une collaboration. Mon idée était de mettre en immersion mon travail de sculpture en milieu marin pour observer comment les organismes marins allaient coloniser mon travail.

Mon travail est en permanence exposé à la Galerie de l’Ancienne Poste, à Toucy (lien ci-dessous). Je nourris également beaucoup mon compte instagram de visuels pour présenter mes actualités.”

www.galerie-ancienne-poste.com